Ordinateur, tablette, smartphone, téléviseur,… Nous sommes aujourd’hui cernés par ces fenêtres ouvertes sur des mondes virtuels, tant dans la sphère privée que professionnelle. Comment faire autrement? Aujourd’hui, c’est par l’intermédiaire des écrans que l’on s’informe, que l’on communique et que l’on se divertit. Certains peinent à s’en détacher complètement, ce qui peut avoir des répercussions négatives sur leur santé et leurs relations sociales.
L’Enquête suisse sur la santé 2022 a révélé que 6,8% de la population de plus de 15 ans – soit près d’un demi-million de personnes – sont concernés par un comportement de type addictif «en ligne». Car bien entendu, il s’agit davantage d’une addiction aux activités numériques qu’à l’objet écran en tant que tel. Une fois connectées, certaines personnes ont beaucoup de mal à «décrocher» pour réintégrer le monde réel. L’origine du phénomène Pourquoi sommes-nous tellement attirés par les écrans? Pour commencer, les écrans sont omniprésents dans notre quotidien, il est donc difficile de les éviter. Ils apportent une satisfaction rapide – sous forme de reconnaissance sociale, de divertissement ou d’achat en ligne – sans aucun effort physique. Ceci est d’autant plus vrai qu’il est aujourd’hui possible d’accéder à une grande diversité de contenus, renouvelés en permanence. Il est relativement facile de se laisser happer par ces distractions, surtout lorsque l’on est anxieux ou soucieux, car elles permettent d’oublier un temps la vie réelle. En outre, au cours de ces activités, la dopamine est libérée massivement dans le cerveau; elle amplifie le plaisir ressenti, ce qui favorise l’apparition d’une dépendance. Un autre aspect à considérer est le senti- ment d’appartenance que peuvent procurer nos activités en ligne. Réseaux sociaux, jeux, séries en streaming, tout cela ne s’arrête jamais, même lorsque l’on se déconnecte. Chez certains, la déconnexion peut provoquer une véritable angoisse, liée à l’impression de manquer quelque chose d’important (une conversation, le dernier épisode d’une série à la mode, des ventes privées «à ne pas rater», etc.). Il existe même un nom pour ce trouble: le syndrome FOMO, pour Fear Of Missing Out. Les signes caractéristiques Certaines personnes perdent totalement le contrôle de leur utilisation des écrans. Mais on ne peut pas réellement parler d’une «ad- diction» en tant que telle. Si les symptômes peuvent rappeler ceux d’une addiction à l’alcool ou au tabac, il n’existe pas encore de consensus sur la définition ou les critères diagnostics de ce trouble. On parlera plutôt «d’usage problématique d’Internet» ou de «cyberdépendance». Le trouble peut apparaître à tout âge, y compris chez les très jeunes enfants et les adultes. Lorsque les activités numériques deviennent l’unique centre d’intérêt de la personne, que rien d’autre ne lui fait envie ou ne lui procure du plaisir, cela signifie que la dépendance s’est installée. La personne concernée finit par accorder la totalité de son temps libre à son monde virtuel. Les tentatives d’arrêt ou de limitation de ces activités se soldent par des échecs. Les interactions sociales physiques lui semblent de plus en plus difficiles et elle perd confiance en elle. Immanquablement, ses relations sociales se dégradent, elle néglige les activités familiales quotidiennes, et se fait moins performante à l’école/au travail. Un symptôme de mal-être Le potentiel addictif de certains outils numériques est élevé. Il est avéré que certains algorithmes sont même conçus pour provoquer un phénomène d’accoutumance. C’est pourquoi, la cyberdépendance est aujourd’hui prise au sérieux, au même titre que d’autres formes d’addiction. L’Organisation mondiale de la santé a d’ailleurs intégré le «trouble du jeu vidéo» dans le projet de 11 e révision de la Classification internationale des maladies. Il est essentiel de garder à l’es- prit que l’usage excessif des écrans est avant tout le symptôme d’un mal-être. Un individu qui éprouve le besoin de se réfugier en permanence dans un monde virtuel cherche à éviter quelque chose. La solitude, l’anxiété, le stress, un problème de santé, un souci familial ou professionnel, peuvent rapidement faire basculer dans l’excès. Se plonger dans les jeux vidéos ou «scroller» indéfiniment sur les réseaux sociaux permet d’oublier ce qui nous pèse. Pour se libérer de cette emprise, les paramètres de gestion du temps, intégrés aux smartphones, peuvent être d’une grande aide. Ils permettent de limiter les temps d’usage de certaines applications, de définir des périodes de déconnexion (lors desquelles les notifications sont différées), ou encore de définir des objectifs raison- nables. Ceci dit, la première chose à faire est d’en parler, à ses proches et à des professionnels (dans des centres de prise en charge des addictions par exemple), afin d’identifier la cause profonde du mal-être.