De nos cinq sens, la vue est le plus délicat et en même temps celui qui est le plus mis à contribution. Or quand un outil fragile est utilisé de manière intensive, des précautions s’imposent, sinon gare aux dégâts ! Les problèmes ophtalmologiques occupent donc une place importante dans les activités quotidiennes de conseil et de triage du pharmacien et de ses collaborateurs.
J’ai un vaisseau qui a sauté !
Un beau matin au réveil vous remarquez une rougeur dans le blanc d’un œil. Une apparition inexpliquée, sans aucune gêne ni douleur, mais ma foi assez impressionnante. Situation typique, dans laquelle au lieu de paniquer ou de banaliser, le mieux est de se rendre à la pharmacie pour une première évaluation. Là, le pharmacien s’assurera avant tout qu’une prise en charge sur place est possible. Ce qui ne serait pas le cas, par exemple, si des douleurs ou un trouble de la vue étaient présents, ou après un traumatisme récent, ou si l’atteinte était bilatérale, ou lors de prise de certains médicaments…, les vérifications sont plus complexes que l’on ne pourrait imaginer. La plupart du temps cependant, les hémorragies sous-conjonctivales, telle est la terminologie médicale pour ce phénomène, évoluent favorablement. Si une consultation médicale n’est pas nécessaire, le pharmacien pourra conseiller des larmes artificielles pour augmenter l’hydratation et le confort, ainsi qu’un peu de patience jusqu’à résorption naturelle de l’hématome.
Les conjonctivites
Le traitement de la conjonctivite, inflammation de la membrane recouvrant le blanc de l’oeil, doit être adaptés aux causes, et celles-ci ne manquent pas de variété : allergies, virus, bactéries, corps étrangers, produits chimiques, irritations diverses. En conséquence, les symptômes sont eux aussi très variés, les yeux peuvent démanger, être rouges, purulents, gonflés, larmoyants, donner l’impression qu’un grain de sable se trouve sous la paupière. Là aussi, en fonction des symptômes et d’autres critères, le pharmacien décidera d’orienter vers un ophtalmologue ou de prendre en charge à la pharmacie.
Nous entrons en ce moment de plain-pied dans la saison des conjonctivites allergiques, l’une des manifestations du célèbre rhume des foins. D’innombrables médicaments sont disponibles sans ordonnance en pharmacie pour cette indication, en traitement, mais aussi pour la prévention. Il ne faut donc pas hésiter à demander conseil dès les premiers signes évocateurs.
Le syndrome de l’oeil sec
Chez une personne sur trois (!), la quantité ou la qualité des larmes produites par les glandes lacrymales est insuffisante. Les yeux, moins bien hydratés, moins bien nettoyés, moins bien protégés, deviennent irrités, se fatiguent vite, sont sensibles à la lumière, démangent. Des yeux secs larmoient aussi beaucoup, ce qui peut sembler paradoxal, mais il s’agit d’un réflexe pour compenser l’hydratation insuffisante. Une multitude de facteurs conduisent à de la sécheresse oculaire, il est bon de connaître au moins ceux qui sont évitables : tabagisme, climatisation, lentilles de contact, sans oublier l’ennemi public n° 1: les écrans en tous genres ! On a tendance à sous-estimer l’importance d’une bonne lubrification de l’oeil, alors qu’à la longue, un défaut d’hydratation de l’oeil est susceptible d’entraîner une atteinte de la cornée et même de la vue, ainsi que des infections oculaires. L’utilisation précoce de larmes artificielles est vivement recommandée. Il faut souvent essayer plusieurs formules avant de trouver celle qui convient le mieux. Les pharmacies offrent volontiers des échantillons à cet effet. Une supplémentation en acides oméga-3 semble pouvoir également apporter une amélioration.
Orgelets et chalazions
Ces deux sortes de boutons, qui apparaissent sur la paupière, se ressemblent mais ont des origines différentes. L’orgelet est une infection de la racine d’un cil, l’équivalent d’un furoncle, ce qui le rend potentiellement douloureux. Alors que le chalazion se forme suite à l’obstruction d’une glande, provoquant une inflammation, mais sans infection (du moins au début), ni douleur (ou légère). Les deux évoluent favorablement le plus souvent, en quelques jours pour l’orgelet et jusqu’à quelques semaines pour le chalazion. Des complications sont néanmoins possibles. Ce sont des motifs fréquents de conseils en pharmacie.
La sécheresse oculaire: Une maladie très répandue.
Comment puis-je la reconnaître et la traiter ?
Comment définir l’oeil sec ?
La sécheresse oculaire est une maladie très fréquente, elle représente environ 25% des motifs de consultations en ophtalmologie. C’est une maladie qui a plusieurs causes et qui est caractérisée par une modification de la quantité et de la qualité des larmes. Elle entraîne des lésions et une inflammation de la surface oculaire.
Quels sont les signes de sécheresse oculaire ?
La sécheresse oculaire entraîne des symptômes variés et nombreux. Les signes les plus fréquents sont les brûlures, les picotements, une sensation de corps étrangers, des démangeaisons, un larmoiement, une sensibilité accrue à la lumière, des yeux fatigués et même parfois une vision floue intermittente. Beaucoup de personne s’étonne qu’un oeil sec larmoie. Cela semble effectivement paradoxal, mais la raison est très simple, un oeil sec est un oeil enflammé et cette inflammation entraîne le larmoiement.
Quels sont les facteurs de risque de l’oeil sec ?
Le facteur de risque le plus important est l’âge. A partir de 50 ans, les importants changements hormonaux qui surviennent dans notre corps vont amener à une modification de la quantité et de la qualité des larmes et ceci est plus marqué chez la femme lors de la ménopause.
Certaines maladies systématiques telles que les maladies auto-immunes (syndrome de Sjögren, arthrite rhumatoïde, lupus, sarcoïdose et autres) ou les maladies de la peau (acné rosacée, dermatite séborrhéique, eczéma, psoriasis et autres) sont très souvent associées à une sécheresse oculaire.
Il faut également citer également comme facteurs de risque certains médicaments comme par exemple les traitements de chimiothérapie, les anti-dépresseurs, les anti-hypertenseurs ou les anti-acnéiques.
Des facteurs de risque externes sont également connus. Il faut mentionner le tabagisme, le travail prolongé sur des écrans, l’air conditionné, le chauffage en hiver et la pollution.
Pourquoi mes symptômes augmentent en regardant un écran d’ordinateur, de smartphone, de tablettes ou lors de la lecture ?
Le clignement des paupières est essentiel pour obtenir des yeux bien lubrifiés. En effet le clignement des paupières non seulement stimule la production des larmes mais permet également de les étaler harmonieusement sur toute la surface oculaire. Habituellement nous clignons des paupières 15 fois par minute. Lors d’une attention soutenue (travail sur l’écran, utilisation de smartphone, de tablette, lecture) le clignement diminue à 5 fois par minutes, ce qui entraîne une aggravation de la sécheresse oculaire et de l’inconfort et peut même amener à une vision floue.
Est-ce que les enfants peuvent souffrir de sécheresse oculaire ?
Oui, mais c’est rare et elle est le plus souvent associée à une maladie de la peau ou à des allergies.
Est-ce que je peux faire quelque chose moi-même avant de consulter un médecin ?
Vous pouvez mettre régulièrement (2 à 3 fois par jour) des larmes artificielles que votre pharmacien pourra vous conseiller. Pensez à boire suffisamment. Il est conseillé d’arrêter de fumer, dans la mesure du possible d’éviter l’air conditionné, de baisser le chauffage en hiver et d’installer un humidificateur . Une nourriture équilibrée, riche en oméga 3 et 6 peut également aider.
Pensez à faire des pauses régulières lors d’un travail prolongé à l’ordinateur ou lors de lecture, en clignant des yeux.
A quel moment est-ce important de consulter un ophtalmologue ?
Si les symptômes ne sont pas soulagés par les différentes mesures citées ci-dessus, il faut consulter un ophtalmologue.
Comment l’ophtalmologue diagnostique-t-il la sécheresse oculaire ?
L’ophtalmologue va poser des questions pour mettre en évidence les symptômes de l’oeil sec , ce qui va permettre de poser le diagnostic. Par ailleurs, l’examen clinique avec des appareils permet d’évaluer la sévérité de la sécheresse oculaire.
Il existe également des examens complémentaires qui seront dans certaines circonstances effectués.
Quel type de traitement médical vais-je devoir suivre ?
Les larmes artificielles sont le traitement de base car elles permettent d’augmenter la lubrification de l’oeil. Toutefois, elles peuvent parfois ne pas être suffisantes et d’autres traitements doivent être administrés en complément sur ordonnance médicale.
Puis-je mettre des verres de contact si j’ai les yeux secs ?
Grâce à l’arrivée depuis quelques années de nouveaux matériaux dans la fabrication des verres de contact, l’oeil sec n’est pas une contre-indication au port de verres de contact. Il est bien sûr recommandé de mettre des larmes artificielles régulièrement, en faisant attention qu’ils soient compatibles avec le port des lentilles de contact.
Est-ce que les frais de traitement sont remboursés par les caisses-maladie ?
Les frais de traitements sont en grande majorité remboursés par les caisses-maladies, si le traitement a été prescrit par un médecin.