Le souvenir des récents lapins de Pâques en chocolat enchante encore nos sens. Mais pas nécessairement nos dents. C’est l’occasion de se pencher plus en détail sur la plaque dentaire, le tartre, la carie, leurs conséquences pour la santé, et comment les prévenir.
La plaque dentaire, ce fléau
L’intérieur de la bouche est un lieu très fréquenté. S’y pressent tous les aliments ingérés, la salive sécrétée quotidiennement (env. un litre !), et des centaines d’espèces de bactéries alléchées par l’ambiance chaude et humide qui y règne. Ces visiteurs ont la fâcheuse habitude de se fixer sur les surfaces dentaires, de préférence vers la gencive, pour y former une pellicule appelée plaque dentaire, ou biofilm. Un phénomène qui peut être comparé avec les algues qui se développent à la surface des cailloux au fond des rivières. A ce stade, un nettoyage adéquat permet de l’éliminer. Si ce n’est pas le cas, le biofilm s’épaissit et se durcit en incorporant du calcium salivaire. Il se forme alors, parfois en quelques jours, un dépôt très solide, le tartre. Pour l’anecdote, le tartre est si résistant que des paléontologues en ont retrouvé sur des mâchoires millénaires et identifié la présence des mêmes bactéries qu’aujourd’hui !
De la plaque à la carie
La carie est donc une maladie infectieuse. Les bactéries qui la provoquent, comme Streptococcus mutans, trouvent refuge dans la plaque dentaire, et plus encore dans le tarte, où elles peuvent se multiplier en toute impunité … pour autant qu’elles reçoivent assez de sucre à manger. Ces bactéries spécifiques transforment le sucre alimentaire en composés acides et agressifs pour l’émail. Dans une bouche saine, la salive va neutraliser l’acidité et même réparer les petites lésions de l’émail en le reminéralisant. Le fluor des dentifrices et des bains de bouche renforce la résistance des dents en s’insérant dans la structure de l’émail. La présence de tartre empêche ces processus continus de neutralisation de l’acide et de reminéralisation de la dent. L’émail localisé sous une couche de tartre est livré sans défense à des attaques acides permanentes, qui aboutissent tôt au tard à un trou dans la dent. L’inflammation des gencives (gingivite) est aussi une conséquence du tartre, selon le même mécanisme. Si la carie ou la gingivite ne sont pas traitées, l’infection continue de se propager, pouvant atteindre d’autres organes dans les cas les plus graves.
Pas tous égaux face au tartre
Une hygiène dentaire défaillante, un régime alimentaire trop riche en glucides et le tabagisme constituent pour tout un chacun les principales causes de présence de tartre. Si la prédisposition génétique aux caries semble peu probable, d’autres facteurs, plus individuels, ont aussi une influence. La prise de certains médicaments peut induire une sécheresse buccale, les hormones de la grossesse rendent la salive plus acide, une dentition irrégulière complique parfois le nettoyage de zones difficiles d’accès, etc. Lorsque l’on fabrique plus de tartre que la moyenne, il s’agit bien sûr de redoubler de vigilance pour son hygiène dentaire. Rappelons que le tartre formé ne peut pas être éliminé par brossage et requiert donc l’intervention de l’hygiéniste.
Prévention
De manière générale, l’excellente santé dentaire des Suisses est à mettre au crédit de la politique de prévention menée depuis des décennies. L’éducation et le dépistage scolaires, ainsi que la fluoration du sel ont réduit de 90 % la prévalence des caries chez les jeunes.
C’est la preuve que la prophylaxie permet de déjouer le développement de l’immense majorité des maladies liées à la plaque dentaire.
Les mesures préventives visent à contrecarrer par tous les moyens la formation d’un dépôt durable sur les dents.
Ce sont principalement :
– la réduction de consommation d’aliments sucrés et/ou acides
– la diminution du temps de contact du sucre avec la dent. Conseil : se rincer la bouche ou boire un verre d’eau après chaque repas ou snack.
– les bonnes pratiques d’hygiène bucco-dentaire : se brosser les dents pendant minimum 2 minutes selon une méthode adéquate au minimum 2 fois par jour avec une brosse à dents souple, utiliser du fil et des brossettes pour nettoyer les espaces interdentaires, etc.
– un détartrage chez l’hygiéniste une à deux fois par année