Des pertes d’audition légères (de l’ordre de 20 à 40 dB) à des pertes plus profondes (de 90 à 120 dB), il existe un appareillage adapté à chaque cas. Les progrès technologiques sont tels qu’il est désormais possible de remédier à tous types de troubles auditifs.
Selon l’étude EuroTrak 2015 de l’Association suisse des fournisseurs d’aides auditives (HSM), près d’un Suisse sur douze, tous âges confondus, dit présenter des troubles auditifs. Mais il apparaît que la plupart des sondés acceptent cette dégradation de leur audition sans chercher à y remédier : en effet, à peine plus de 40% des personnes concernées sont équipées. L’étude souligne pourtant que l’utilisation d’un appareil auditif améliore nettement la communication, les activités en groupe et le sentiment d’assurance et de sécurité en général. Quelque 60’000 appareils auditifs sont vendus chaque année en Suisse. On distingue les assistants d’écoute des aides auditives, plus sophistiquées. Les premiers sont de simples amplificateurs de sons et sont adaptés aux troubles auditifs légers. Ils sont disponibles en pharmacie, sans ordonnance. Pour des pertes auditives plus conséquentes, un matériel plus avancé est requis.
Les aides auditives traditionnelles
Il existe trois familles de dispositifs auditifs: les contours d’oreille, les micro-contours et les intra-auriculaires. Le premier groupe, les contours d’oreille (ou CdO), sont le plus souvent utilisés pour des troubles auditifs sévères (au-delà de 70% de perte), mais ils peuvent également solutionner des déficits auditifs plus légers. Cet appareillage traditionnel est constitué d’un boîtier externe – de taille variable selon les modèles – à positionner derrière le pavillon de l’oreille et d’un embout auriculaire, confectionné sur-mesure, chargé de conduire le son. Le dispositif ne pèse que quelques grammes et se décline en plusieurs teintes, mais n’est pas des plus discrets. Les dispositifs de type micro-contours se composent, quant à eux, d’un plus petit boîtier, qui se place également derrière le pavillon de l’oreille, et d’un fil très fin qui achemine le son vers le conduit auditif. C’est le type d’appareillage le plus fréquemment utilisé aujourd’hui. Enfin, les appareils intra-auriculaires (ou TdO pour «tout dans l’oreille») se placent directement dans le conduit auditif. Fabriqués à partir de l’empreinte du conduit du porteur, ils se révèlent particulièrement confortables; ils sont aussi bien plus discrets, voire quasiment invisibles et apportent ainsi un certain confort esthétique. Le fait qu’ils obstruent complètement le canal auditif peut en revanche gêner certaines personnes, de par les sensations d’oreilles bouchées et de résonance que cela engendre. Un audioprothésiste sera du meilleur conseil pour déterminer l’appareillage le plus adapté à vos besoins et votre mode de vie.
Une échelle de performance
Les dispositifs d’aide auditive sont classés selon leur niveau de performance. Les professionnels distinguent ainsi 5 niveaux de technologie, le 1er niveau correspondant aux technologies les plus anciennes, qui continuent d’être exploitées pour pouvoir proposer des appareillages en conformité avec les modalités prévues par l’assurance-invalidité. Ces dispositifs ne sont efficaces que dans des conversations n’impliquant pas plus de deux personnes. Plus on grimpe dans les niveaux, plus les technologies utilisées sont pointues et plus l’appareillage est apte à prendre en charge des situations sonores complexes. À savoir qu’aujourd’hui, les appareils auditifs bénéficient en outre de l’ultra-connectivité affichée par les équipements domestiques : le son du téléviseur ou du téléphone peut ainsi être envoyé directement dans le dispositif auditif, les Smartphones peuvent permettre de contrôler son fonctionnement, etc.
Quand l’oreille interne ne joue plus son rôle
Lorsque l’oreille interne – constituée notamment de la cochlée – est endommagée, la transmission du signal sonore vers le cerveau ne se fait plus ou mal. Les aides auditives traditionnelles, qui amplifient le son, s’avèrent dans ce cas inefficaces. La pose d’un implant cochléaire en revanche, peut permettre de retrouver une audition normale. Un implant cochléaire est un dispositif électronique qui se compose d’un processeur, positionné généralement derrière l’oreille, chargé de capter les sons et de les traduire en code numérique. Ce signal numérique est ensuite transmis au récepteur, situé sous la peau, qui l’achemine sous forme d’impulsions électriques vers des électrodes situées dans l’oreille interne. Enfin, ces électrodes stimulent le nerf auditif, qui relaie le signal au cerveau. Ainsi, ce dispositif contourne les zones endommagées du système auditif pour atteindre directement le nerf auditif. Tout comme les autres dispositifs d’aide auditive, les implants cochléaires peuvent être envisagés dès l’enfance.
Déficiences auditives: un handicap, des solutions
Il n’est pas toujours aisé d’admettre que l’on a besoin d’une aide auditive et de pousser la porte d’un professionnel pour se faire conseiller. François Rérat, audioprothésiste à Genève, répond aux questions que tout un chacun peut être amené à se poser le moment venu.
Qu’est-ce qu’une déficience auditive?
François Rérat : La déficience auditive est une audition qui n’est pas dans la norme par rapport à la majorité des gens qui n’ont pas de problèmes au niveau de l’écoute. On désigne par malentendants les gens qui n’ont pas une audition normale et dont la gravité se présente sous différents degrés, de 0 à 100%.
Est-ce que certaines personnes peuvent souffrir d’une audition déformée?
F. R.: Oui. On parle de distorsion. On retrouve cela dans la plupart des pertes auditives neuro-sensorielles où on va avoir beaucoup plus de dégradations dans les fréquences aiguës que dans les basses, ce qui donne une écoute déformée. Les gens qui ont ce problème ne s’en rendent pas compte et lorsque l’on corrige leur audition à l’aide de dispositifs adaptés, il est plus difficile pour eux de s’habituer car les proportions des sons changent. Il y a beaucoup plus d’aigus que de basses et il peut y avoir alors des problèmes de tolérance et d’habituation.
Comment diagnostique-t-on les problèmes auditifs?
F. R.: Ici, on réalise des tests objectifs à l’aide de dépistages. On détecte le seuil d’audition grâce à un casque qui génère des sons de différentes tonalités: on détermine le seuil à partir duquel le patient les entend et on établit des audiogrammes. On peut aussi envoyer des mots très courts, des phonèmes, et on voit s’il y a une concordance avec l’audiogramme tonal de la perte auditive. Mais tous ces tests sont réalisés dans le calme. Le vrai problème, c’est la compréhension dans le bruit, mais ça, c’est beaucoup plus difficile à gérer.
Quelles sont les difficultés d’adaptation que peut rencontrer un client?
F. R.: Les difficultés d’adaptation ne viennent pas du type de surdité, mais du moment à partir duquel la personne va décider de se faire aider. Quelqu’un qui vient consulter avec une surdité modérée va en général tolérer beaucoup mieux l’appareil, car la correction sera faible. Dans le cas d’une surdité sévère, on va devoir amplifier beaucoup plus les sons et cela risque de créer un choc pour l’oreille. Pas un choc physique – qui serait dangereux pour la santé – mais un changement radical : tout à coup, l’oreille reçoit un flot important de décibels alors qu’elle n’y est pas habituée. En conséquence, il faut s’appliquer une vraie discipline et porter l’appareil tous les jours.
Quelle est la durée de vie d’un appareil auditif?
F. R.: Un appareil est fait pour durer très longtemps, mais certains fabricants arrêtent leurs services après cinq ans. Du coup, il faut renouveler. Il existe aussi des appareils qui durent indéfiniment et il faudra juste changer l’amplificateur. Certaines personnes veulent parfois de meilleurs modèles et décident de changer au bout de quelques années. Il existe aussi des cas où la surdité de la personne s’aggrave et il faut alors se procurer un appareil plus adapté.
Existe-t-il des contre-indications au port d’un appareil auditif?
F. R.: Il y a tous les cas de conduits atrophiés ou d’épanchement de l’oreille, mais c’est assez rare. Les appareils s’adaptent de mieux en mieux à toutes les formes d’anatomie. En revanche, les gens qui produisent beaucoup de cérumen peuvent avoir de petits problèmes, car les oreilles se bouchent plus vite. Dans les cas extrêmes, on observe une oreille bouchée tous les deux mois et il faudra traiter, mais en général cela se passe bien. Et il existe également des appareils à ancrage osseux pour contourner le conduit auditif. Par ailleurs, si un malentendant travaille dans un environnement où le bruit industriel est très présent, il n’est pas recommandé de porter un appareil ou alors il faut le mettre en mode sourdine. De même, en concert, il est rare que les gens aient besoin d’un appareil pour entendre la musique et dans ce cas, ils peuvent s’en passer. En bref, quand le bruit est permanent et intense, il vaut mieux ne pas le mettre, mais ce sont des situations rares et extrêmes.
Quels sont les ordres de prix des équipements?
F. R.: Cela dépend des modèles et des services. Ici, on propose un appareillage avec un service offert pendant un an. On va faire les premières mises au point et ajustements pendant une année et après on offre des services à la carte, ça limite le prix. Entre 2’000 et 6’000 CHF on a un appareil simple ou plus complexe. D’autres fournisseurs vendent directement tous les services d’un coup et cela peut faire enfler la facture. Quelqu’un qui veut un service limité paiera l’appareil beaucoup moins cher.
Quelles améliorations peut-on espérer obtenir dans les années à venir?
F. R.: On possède déjà des appareils très sophistiqués, mais il est vrai que tous les deux à trois ans les modèles s’améliorent et certains patients constatent une différence. Les progrès sont bien là, mais ne sont pas foudroyants. J’imagine qu’à l’avenir la qualité des appareils auditifs dépendra de l’amélioration de leurs processeurs, un peu comme les ordinateurs.
Fleur Brosseau & Sylvia Guirand | Contenu & Cie
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