Alternatives ou complémentaires de la médecine conventionnelle, les thérapies naturelles connaissent un engouement croissant. Que ce soit par curiosité, par conviction ou parce que les méthodes traditionnelles se sont avérées décevantes, nombreux sont ceux qui font le choix de se soigner autrement.
Les thérapies naturelles, appelées aussi « médecines non conventionnelles » ou « médecines douces », regroupent un large ensemble de méthodes de soins, qui ne font pas partie du système de santé dominant d’un pays.
Ce qui caractérise ces méthodes, c’est qu’elles privilégient l’utilisation de produits naturels, de même que des manipulations qui respectent totalement le comportement inné de l’organisme. Ces thérapies peuvent ainsi être envisagées pour tout type de pathologie, qu’elle soit d’ordre physique ou psychique, temporaire ou chronique, et à tout âge.
Elles sont plus ou moins utilisées selon les pays. Certaines spécialités sont même remboursées par l’assurance-maladie de base. En mai 2009, une majorité de la population suisse (67%) a voté pour que ces thérapies soient prises en compte par les autorités. Aujourd’hui, près d’un quart des membres de la Fédération des médecins suisses (FMH) pratiquent une thérapie complémentaire et plus de la moitié des hôpitaux romands offrent au moins une médecine non-conventionnelle dans leur panel de soins.
Les différentes familles de médecines alternatives
L’Organisation mondiale de la santé recense plus de 400 pratiques thérapeutiques dites «médecines alternatives ou complémentaires» (MAC), un nombre en constante augmentation. Ces MAC peuvent être classées en quatre grandes catégories selon l’approche utilisée. On distingue ainsi :
- Les thérapies manuelles, qui sont basées sur la manipulation du corps sous forme de massages, de pressions, d’étirements, de correction de posture, etc. On s’attache ici à la « mécanique » du corps : le principe est de rétablir l’équilibre fonctionnel de l’organisme, en insistant sur des points ou zones stratégiques. Ostéopathie et chiropraxie sont les méthodes les plus courantes.
- Les thérapies biologiques, qui regroupent les spécialités utilisant des produits naturels d’origine végétale, minérale ou animale, pour prodiguer les soins. La phytothérapie et l’aromathérapie en sont les principales représentantes.
- Les approches psychologiques (sophrologie, hypnose, relaxation, art-thérapie, etc.) s’apparentent davantage à des techniques de développement personnel. Elles sont souvent sollicitées en parallèle d’un traitement pour maladie grave ou chronique, notamment pour détendre le patient et soulager ses douleurs. Elles sont également préconisées dans le cas d’un déséquilibre mental ou émotionnel tel que l’anxiété, le stress, la dépression, l’hyperactivité, les troubles du sommeil.
- Les pratiques dites « complètes », telles que l’homéopathie ou l’acupuncture, qui reposent sur une théorie et une pratique bien distinctes.
L’ASCA, fondation suisse pour les médecines complémentaires, recense de son côté 130 disciplines, classées en 12 groupes de thérapies. Cette fondation indépendante, qui regroupe près de 15’000 thérapeutes, est chargée de l’étude et de la promotion des thérapies alternatives sur le territoire helvétique. Elle participe également à l’accréditation des écoles de formation et à l’établissement de conventions entre thérapeutes et organismes d’assurance.
Des thérapies mieux intégrées au système de santé
Alors que les thérapies naturelles sont de plus en plus plébiscitées par les patients – et malgré leur entrée dans la Constitution fédérale en mai 2009 – la question de leur intégration dans le système de santé et de leur remboursement est encore sujette à débat. En 1999, cinq spécialités ont été intégrées à l’assurance-maladie de base, à des fins de test : l’homéopathie, la phytothérapie, la thérapie neurale, la médecine traditionnelle chinoise et la médecine anthroposophique. L’essai a pris fin 6 ans plus tard, principalement pour des raisons d’économicité et de législation. Par ailleurs, leur prise en charge n’a finalement pas permis de réduire pour autant l’affluence de patients vers les cabinets plus conventionnels. Suite à la votation populaire de 2009, elles font à nouveau partie du système de remboursement de l’assurance-maladie de base depuis le 1er janvier 2012, à l’instar de l’acupuncture. Alors que cette mesure devait s’achever cette année, le Conseil fédéral propose d’ancrer définitivement ces thérapies au même niveau que la médecine classique. Une annonce plutôt mal accueillie par les organismes d’assurance… Les modifications d’ordonnances devraient toutefois entrer en vigueur au 1er mai. En attendant, il existe aujourd’hui de nombreuses assurances complémentaires couvrant les thérapies naturelles. Chacune propose sa propre liste de thérapies et de thérapeutes agréés. Une liste qu’il est conseillé d’étudier scrupuleusement avant de faire son choix…
Quand les médecines complémentaires s’invitent à l’hôpital
Les patients suisses sont de plus en plus demandeurs de médecines complémentaires pendant leur hospitalisation. Médecine conventionnelle et médecine parallèle travaillent donc aujourd’hui main dans la main avec un seul et même objectif : le rétablissement et le bien-être du patient. La question d’un éventuel recours à une médecine complémentaire s’inscrit désormais dans l’anamnèse de routine. Le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) à Lausanne s’est véritablement illustré comme précurseur en la matière, jouant un rôle prépondérant dans la reconnaissance et la promotion des ces thérapies. Depuis le 1er juillet 2015, le Centre de médecine intégrative et complémentaire (CEMIC) est notamment chargé de fournir une information fiable sur ces thérapies et de coordonner l’offre au sein du CHUV et de la Policlinique médicale universitaire (PMU). Elle maintient également un registre des thérapeutes qui les exercent au CHUV et à la PMU.
La prise en charge de la douleur est l’un des principaux domaines où la conjugaison des méthodes classiques et alternatives est particulièrement bénéfique au patient : cela lui permet de mieux contrôler sa douleur et de modifier son rapport aux médicaments (il pourra, par exemple, mieux estimer la dose qui lui est nécessaire). Ainsi, plusieurs cliniques et hôpitaux romands proposent aujourd’hui dans leurs services d’antalgie des consultations ambulatoires d’hypnose, pour soulager les douleurs chroniques ou aiguës. Bien qu’ils ne disposent d’aucune structure dédiée aux médecines complémentaires, les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) ont été les premiers à introduire la technique de l’hypnose en Suisse romande dans les années 1970. De son côté, le CHUV dispose du service européen le plus élaboré en matière d’hypnose appliquée au traitement des grands brûlés. En sus de l’hypnose, l’établissement propose également des séances d’acupuncture dans son service d’antalgie (dans les cas de sciatalgie ou de cervicalgie par exemple).
Bien que l’ostéopathie soit la thérapie naturelle la plus utilisée par la population suisse, son intégration à l’hôpital est encore timide. Le département de gynécologie-obstétrique du CHUV propose néanmoins depuis plusieurs années des consultations d’ostéopathie pré- et post-accouchement. Enfin, les HUG dispensent aux patients du service de gériatrie des cours de tai-chi-chuan. Cet art martial chinois permet, en effet, de renforcer l’équilibre des seniors, réduisant ainsi les risques de chute et par la même occasion, les coûts liés à la prise en charge de ce type d’accident.
Fleur Brosseau
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