Pour traverser la période froide sans difficulté, le corps a besoin d’une alimentation équilibrée, riche en micronutriments. Ces derniers jouent en effet un rôle prépondérant dans les mécanismes métaboliques et les défenses immunitaires de l’organisme.
A l’inverse des macronutriments – protéines, glucides et lipides –, les micronutriments – vitamines, minéraux, oligoéléments, acides gras et acides aminés – n’apportent pas d’énergie à l’organisme, mais sont toutefois indispensables au bon fonctionnement de l’ensemble des mécanismes métaboliques. Troubles digestifs, allergies, régimes minceurs, prévention des pathologies cardio-vasculaires, lutte contre les effets du vieillissement, préparation sportive sont tout autant de cas particuliers dans lesquels la micronutrition est tout indiquée.
De même, à l’approche de l’hiver, les micronutriments sont des alliés précieux qu’il ne faut pas négliger pour vivre cette saison en toute sérénité. Le corps doit en effet se préparer à lutter contre les intempéries, la diminution progressive de l’ensoleillement et les infections saisonnières courantes telles le rhume ou la gastroentérite.
Combler le manque de soleil et booster l’organisme
Les journées étant de plus en plus courtes, la peau ne reçoit plus l’ensoleillement nécessaire à la production de vitamine D. Parfois nommée « vitamine du soleil », cette dernière joue un rôle capital au niveau des os, en facilitant l’absorption du calcium et du phosphore. Elle présente également des capacités anti-inflammatoires et participe à la protection du système cardio-vasculaire. Pour combler son manque, on mise sur les poissons gras et les œufs, particulièrement riches en vitamine D.
L’hiver est en outre la période où nous sommes le plus fatigué. Les causes de cette baisse de forme peuvent être multiples : manque de sommeil, stress, déprime, etc. Elle peut également être due à une carence en fer. En effet, lorsque le taux de fer est trop faible, la taille des globules rouges diminue et les cellules du corps ne reçoivent plus suffisamment d’oxygène. En outre, le fer intervient dans la synthèse de certains neurotransmetteurs (dopamine, sérotonine) ; une carence peut donc aussi provoquer une fatigue au niveau psychique. Pour y remédier, on misera sur les viandes rouges, mais aussi les légumes verts et les légumes secs. La vitamine C facilitant l’absorption du fer, il est recommandé d’associer les deux. En revanche, thé et café sont à consommer en dehors des repas, car ils diminuent son absorption au niveau de l’intestin.
Pour contrebalancer les baisses de tonus avant d’affronter le froid, le magnésium est également un oligoélément incontournable. Il joue un rôle essentiel dans la transmission nerveuse et le fonctionnement des muscles. Un manque de magnésium peut aussi se traduire par un moral en berne, voire une dépression plus sévère. Les fruits de mer, les oléagineux (amandes, noix et noisettes), le chocolat noir, la banane et les épinards sont particulièrement riches en magnésium et aideront à combler un déficit. Attention : l’alcool, les graisses et les produits raffinés réduisent son absorption intestinale.
Lutter contre le froid et les infections
Lorsque le thermomètre dégringole, l’organisme se met en alerte ; il déclenche alors des processus qui produisent de la chaleur en provoquant des contractions musculaires (frissons) et en accélérant l’oxydation cellulaire. Pour faire le plein d’énergie et ainsi limiter le vieillissement prématuré des cellules, il faut miser sur les antioxydants. L’ail et le curcuma en sont particulièrement riches. Véritable « aliment miracle », le sélénium présente – entre autres vertus – un puissant pouvoir antioxydant ; il intervient dans tous les mécanismes immunitaires de l’organisme et posséderait même des vertus antidépressives (lire « Sélénium et cancer du foie » en page 7). Une alimentation équilibrée garantit un apport suffisant de cet oligoélément.
Acteur majeur de la synthèse des protéines du système immunitaire (globules blancs et anticorps), le zinc joue lui aussi un rôle prépondérant. Les carences en zinc sont fréquentes, surtout chez les femmes ; une cure de zinc est donc vivement recommandée pour s’armer face aux virus hivernaux. Les fruits de mer, la volaille et le jaune d’œuf sont de bonnes sources de zinc. Enfin, l’extrait de pépin de pamplemousse, riche en bioflavonoïdes, est considéré comme un antibactérien et un antiviral efficace ; il a donc naturellement sa place dans une démarche de prévention des petits maux de l’hiver.
À chacun sa cure sur-mesure
Parce que chacun présente un métabolisme différent selon le sexe, l’âge, l’état de santé ou les habitudes, la micronutrition implique une connaissance approfondie du patient. Ainsi, la discipline tient compte des capacités de chacun en termes de digestion, des infections ponctuelles dont il souffre et même des excès éventuels qu’il a pu commettre dans le passé (consommation de tabac, d’alcool). Une alimentation adaptée et diversifiée peut suffire à rétablir l’équilibre au sein de l’organisme. Néanmoins, une supplémentation via des compléments alimentaires – chapeautée par un médecin ou un pharmacien – peut également être envisagée, si les repas quotidiens n’apportent pas les quantités nécessaires.
Fleur Brosseau | Contenu & Cie
Sélénium et cancer du foie
Présent dans les noix du Brésil, le hareng, le porc ou encore le thon et le saumon, le sélénium est un oligoélément essentiel pour le bon fonctionnement du système immunitaire et du foie.
D’après une récente étude clinique, coordonnée par plus d’une quarantaine de chercheurs européens, une trop faible concentration de sélénium dans l’organisme favoriserait l’apparition du cancer hépatique. Des études précédentes avaient démontré que les populations de l’Europe de l’Ouest avaient, en grande partie, des taux de sélénium dans le sang inférieur au taux optimal. En effet, les niveaux de sélénium dans les aliments, et donc dans les sols agricoles, varient beaucoup d’une région à une autre. En Europe, le sol en contient peu comparativement à l’Amérique du Nord. Cette étude entre carence en sélénium et risque d’apparition du cancer du foie prend donc davantage de sens en Europe. Pour la mener à bien, les chercheurs se sont appuyés sur des données du programme EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) qui suit 500’000 Européens dans 10 pays différents. L’objectif ? Mieux comprendre les liens entre alimentation et cancer. Ils ont donc comparé les concentrations en sélénium dans le sang de 121 patients atteints d’un cancer du foie et de 140 souffrant d’un cancer de la vésicule biliaire ou des voies biliaires avec autant de personnes en bonne santé. Premier constat : les personnes qui possèdent les plus hauts niveaux sanguins de sélénium et de sélénoprotéine – la protéine qui distribue le sélénium dans le foie et dans tout l’organisme – sont ceux qui ont le risque le plus faible de développer une tumeur du foie. Chaque hausse de 20 microgrammes de sélénium par litre de sang réduirait le risque de 59%. Deuxième observation : aucun lien n’est observé entre concentration sanguine en sélénium et risque d’apparition de cancers de la vésicule biliaire et des voies associées. A ce stade, aucune recommandation de santé publique ne peut être émise. Les chercheurs doivent encore valider ces premières observations par d’autres travaux cliniques incluant un nombre de patients plus important. Si leurs résultats confirment la piste du sélénium, l’approche préventive pour les cancers du foie et du système biliaire aura un atout de plus.
Julie Paysan | Contenu & Cie
[layerslider id= »2″]