Bientôt 10 ans qu’elle présente “36,9”, le magazine de santé de la RTS. Isabelle Moncada, journaliste et coproductrice de l’émission, nous confie ses astuces pour rester au top durant l’hiver, mais aussi les sujets « santé » qui la touchent tout particulièrement. Rencontre.
Quelles sont vos astuces pour rester en forme ?
La régularité! Je n’aime pas ça mais mon organisme, lui, est ravi quand je me couche et me lève à la même heure en lui ayant offert ses sept heures de sommeil. Pareil pour les repas, si possible toujours à la même heure. Et puis, essayer de bouger tous les jours, en allant au travail à vélo ou à pied et en transport public. Ne jamais prendre ni ascenseur ni escalier roulant. Le Professeur Bengt Kayser, spécialiste de la physiologie et de la médecine du sport que nous avons interviewé pour 36.9°, nous disait qu’il est bon pour le système cardiovasculaire de soumettre le cœur à des variations de rythme, par exemple en courant un bon coup très vite pour attraper un bus ou en montant les marches quatre à quatre. Ce n’est pas évident mais j’essaye d’appliquer ces principes. Et choisir avec soin les aliments. J’aime manger des produits bio et un maximum de fruits et légumes!
Vous qui êtes présentatrice TV, comment faites-vous pour éviter de perdre votre voix ?
Cela m’est déjà arrivé de présenter l’émission en parlant du nez… C’est la vie ! Vu la capacité de ces vilains virus hivernaux à voyager d’une personne à l’autre, la prévention n’est pas évidente. Je me fais vacciner contre la grippe chaque année, parce que je n’ai aucune envie de l’attraper et aussi pour ne pas risquer de la transmettre aux autres, surtout aux personnes fragilisées, étant donné que nous filmons souvent dans des hôpitaux. Et je me lave très souvent les mains, ça limite le risque… mais j’attrape un rhume une ou deux fois par hiver.
Quelle cause médicale vous tient particulièrement à cœur ?
La prévention du diabète et de l’obésité chez les enfants et les jeunes. On les a abandonnés, livrés aux mains des vendeurs de graisse de palme, de sucre et de sel. Pour moi, c’est le scandale sanitaire du siècle. On a là un domaine de la santé où l’on pourrait intervenir facilement et à moindre frais si les Etats avaient un peu de courage politique. Quelques règlements suffiraient à améliorer l’environnement de nos enfants, le rendre moins obésogène, plus sain, et mieux adapté à leurs véritables besoins. Et qu’on ne vienne pas parler de responsabilité individuelle à propos de bébés, de jeunes enfants et d’ados en pleines affres de la puberté.
Dans le cadre de 36,9, quel sujet vous a le plus marquée ?
Il y en a quatre en fait : la greffe de poumons de Liv et de Nicolas, deux jeunes patients atteint de mucoviscidose. C’était quelque chose d’incroyable, une émotion inouïe. Nous sommes devenus amis. Nicolas est décédé. Je n’ai jamais assisté à une cérémonie d’enterrement aussi belle et triste à la fois. Liv a eu un bébé. Tout le cycle de la vie et de la mort est là. Il y a aussi le travail énorme de Francesca et Peter contre les erreurs médicales comme celle dont a été victime leur petite fille de 11 mois, Marisa. La force de Carol qui a failli perdre la vue. Et puis plus récemment la rencontre bouleversante avec l’équipe des soins intensifs des HUG et avec Annick, dont le fils était dans le coma, dans un état désespéré et qui aujourd’hui même a fait ses premiers pas sans harnais de soutien, un an après un très grave accident de moto. Mais à vrai dire, chaque reportage est marquant. Chacun me change, me transforme intimement. Ces patients qui ont la générosité de témoigner, ils bousculent notre regard sur le monde, sur l’injustice de la maladie, de l’accident et sur la capacité de résilience qui surgit de ces situations.
Avez-vous des conseils santé pour nos lecteurs?
J’aime bien l’idée des “trois-neufs” pour les enfants et les ados: plus d’écrans après 21h00, neuf heures de sommeil et pas d’école avant 9h00! Tous les spécialistes s’accordent à dire qu’on les lève beaucoup trop tôt par rapport à leur rythme physiologique. Ensuite, manger bio, local et végétal. Ce n’est pas forcément plus cher mais c’est vrai que cela demande plus de temps, d’où la nécessité de rendre les aliments les plus sains plus accessibles et faciles à préparer. Et puis, bannir les boissons sucrées. Ce sont des produits qui ne coûtent rien à fabriquer mais qui rapportent gros et qui nous rendent accros et malades.
Bientôt les fêtes… Que représente pour vous cette période de l’année?
Un moment hors du temps, un doux rituel dans un monde qui a de moins en moins de rites et de références à l’histoire, au passé. Et une belle occasion de réunir toute la famille, toutes les familles.
Est-ce qu’à cette occasion vous vous autorisez des excès? Ou bien, en bonne experte santé, restez-vous sobre et raisonnable?
Pffff, si seulement je ne m’autorisais des excès que pendant les fêtes… Je ne suis ni sobre ni raisonnable, ni exemplaire. Mais j’ai la chance de pouvoir accéder à toute l’information qui existe sur la santé et la nutrition. Et c’est notre responsabilité de journalistes que de la transmettre le mieux possible pour qu’un maximum de monde puisse faire des choix vraiment éclairés, librement.
Aurélia Brégnac | Contenu & Cie
[layerslider id= »2″]