Entre observations troublantes et hypothèses plus ou moins solides, qu’en est-il, bientôt six ans après le début de la pandémie, des soupçons d’interférences entre maladie à coronavirus et ménopause?
Des faits, rien que des faits
La ménopause est une phase naturelle de la vie des femmes, pas une maladie. Elle se manifeste néanmoins par un certain nombre de symptômes liés à l’arrêt progressif de la production d’œstrogènes. En résultent des troubles de l’humeur, des bouffées de chaleur, des sueurs, de la sécheresse des muqueuses, des perturbations du sommeil, pour ne citer que les plus courants.
Quant aux dommages provoqués par le Covid, ils se concentrent sur les voies respiratoires et la sphère ORL, les typiques pertes de goût et d’odorat, et parfois des atteintes gastro-intestinales ou cutanées. Difficile donc de trouver des similitudes entre les symptômes de la ménopause et du Covid. Sauf si l’on tourne le regard du côté du «Covid long», un syndrome qui persiste des semaines, voire des mois après la phase aiguë, et qui touche environ 3,5% de la population. Or on constate que la majorité des victimes de Covid long sont des femmes, que la moyenne d’âge se situe entre 45 et 50 ans, et que, en plus des symptômes classiques ci- tés plus haut, des troubles qui s’apparentent à ceux de la pré-ménopause sont fréquemment cités, comme des douleurs articulaires, une sensation d’épuisement, ou de l’anxiété. Alors pour interpréter les analogies manifestes entre Covid long et pré-ménopause, essayons de comprendre comment ces deux états en apparence si différents pourraient s’influencer l’un l’autre.
Du rôle des hormones féminines sur le Covid
C’est un fait : les œstrogènes améliorent la qualité et l’intensité de la réponse immunitaire. Un avantage qui explique, en partie, pourquoi les femmes ont été moins touchées par les formes sévères d’infections à SARS-Cov-2 pendant la pandémie. Mais cet avantage peut se transformer en inconvénient si le système immunitaire reste mobilisé plus longtemps que nécessaire. Des réactions inopportunes, de type inflammation chronique ou autre, sont susceptibles d’apparaître dans tout l’organisme et perdurer, comme cela se passe dans le cas du Covid long. Ce n’est pas un hasard si les maladies auto-immunes (sclérose en plaque, lupus, polyarthrite rhumatoïde, etc.) affectent quatre fois plus de femmes que d’hommes ! En très résumé, les hormones féminines participent à réduire la gravité, mais à prolonger la durée.
Du rôle du Covid sur les hormones féminines
Environ une femme sur six dit avoir observé un cycle menstruel plus long, plus abondant ou plus douloureux après avoir eu le Covid, sans que l’on sache si c’est le virus qui est en cause, ou le stress occasionné par la situation. En ce qui concerne la fertilité, il n’a pas été démontré d’impact suite à une infection à coronavirus, même si en théorie, le système reproducteur féminin est conçu pour éviter de tomber enceinte pendant une infection. Quant aux témoignages de ménopauses précoces provoquées par le Covid, ils existent et sont pris au sérieux. Mais à ce jour, aucun lien de causalité n’a pas pu être établi par la science. Les spécialistes considèrent en outre que la probabilité qu’une ménopause précoce soit déclenchée par une infection, quelle qu’elle soit, est extrême- ment faible. A noter toutefois que l’origine de plus de la moitié des ménopauses précoces reste inexpliquée…
Et le vaccin là-dedans ?
Comme tous les vaccins, celui contre le Covid n’a pas échappé à son lot de rumeurs tenaces et farfelues. Et comme tous les vaccins, celui contre le Covid présente des effets secondaires indiscutables. Outre les effets indésirables classiques (sensibilité au point d’injection, fatigue, etc.), on peut mentionner des gonflements parfois importants sur le bras vacciné, des troubles menstruels, ou encore des myocardites chez de jeunes adultes. Ces effets indésirables sont rares, souvent bénins, faciles à traiter, et, inutile de le rappeler, infiniment moins dangereux qu’une «vraie» infection. En ce qui concerne la ménopause, aucune donnée significative ne permet d’imaginer une quelconque relation avec la vaccination contre le Covid, qui, rappelons-le, reste recommandée aux femmes enceintes ou souhaitant le devenir.
En conclusion
Nulle autre infection n’a été autant scrutée, analysée, commentée, étudiée, que celle à SARS-Cov-2. Et pour cause, la planète entière en a souffert, produisant une quantité exceptionnelle de statistiques, de données, d’avancées scientifiques, mais aussi de coïncidences et de théories aléatoires. En ce qui concerne l’interaction entre Covid et ménopause, rien à ce jour ne vient corroborer l’implication spécifique du coronavirus sur le déclenchement d’une ménopause. En revanche, les changements hormonaux pré- cédant la ménopause sont un facteur d’instabilité de la réponse immunitaire favorable à l’installation d’un Covid long. Ensuite, une fois la ménopause dépassée, femmes et hommes se retrouvent sur pied d’égalité par rapport aux conséquences d’une infection à coronavirus !

