Au fil des décennies, grâce aux progrès médicaux, on vit plus longtemps en meilleure santé. Selon l’Office fédéral de la statistique, l’espérance de vie à la naissance en Suisse était, en 2023, de 82,2 ans pour les hommes et 85,8 ans pour les femmes. Mais vers la moitié de sa vie, chaque individu connaîtra un bouleversement biologique majeur.
Les maladies chroniques liées à l’âge, telles que le diabète, l’arthrite, le cancer, etc., sont de mieux en mieux prises en charge grâce à des diagnostics précoces et des traitements plus efficaces qui améliorent la qualité de vie des malades. Malgré ces avancées médicales, il reste difficile d’aller contre nature: le corps humain est programmé pour vivre pendant un temps limité. Et passé un certain âge, des mécanismes physiologiques liés au vieillissement se déclenchent inéluctablement.
Le système endocrinien: un vrai chef d’orchestre
Le vieillissement est un processus complexe et multiforme, qui s’accompagne d’une perte progressive des fonctions cellulaires – due notamment à l’accumulation de dommages à l’ADN – et d’une détérioration systémique de multiples tissus, ce qui entraîne une susceptibilité aux maladies liées au vieillissement. Avec l’âge, le système immunitaire
devient moins efficace, la masse musculaire et le métabolisme de base déclinent, la densité osseuse diminue, le sommeil se fait plus léger, l’esprit est moins vif… Toutes ces altérations résultent non seulement du dysfonctionnement cellulaire, mais aussi d’une baisse de production de substances chimiques essentielles à notre organisme depuis notre naissance: les hormones. Ces substances sont sécrétées par les organes et glandes composant le système endocrinien, parmi lesquels: l’hypophyse, l’hypothalamus et la glande pinéale dans le cerveau, la thyroïde au niveau du cou, le thymus au niveau du thorax, les glandes surrénales (situées au-dessus des reins), le pancréas, les ovaires et les testicules. Elles contrôlent et coordonnent les activités de tout l’organisme (développement, métabolisme, cycle veille-sommeil, etc.), c’est pourquoi le dérèglement de l’une ou l’autre d’entre elles – dès la naissance ou plus tard dans la vie – peut occasionner un état pathologique. Par exemple, un excès d’hormone de croissance conduit à l’acromégalie, un excès de cortisol peut entraîner un syndrome de Cushing, une surproduction d’hormones thyroïdiennes provoque une hyperthyroïdie, etc.
Le corps et ses nouvelles harmonies
Le vieillissement entraîne des modifications importantes et progressives des concentrations plasmatiques de plusieurs hormones, y compris des hormones sexuelles. La plupart d’entre elles diminuent. Par exemple, avec l’âge, la production de mélatonine par la glande pinéale diminue; l’endormissement se fait plus long et les réveils nocturnes sont plus fréquents. De même, l’hormone de croissance diminue fortement, entraînant perte de masse musculaire, augmentation de la masse grasse, réduction de la densité osseuse. Par ailleurs, certains tissus cibles deviennent à la longue moins sensibles à l’hormone qui les contrôle. Ainsi, la sécrétion d’insuline reste stable, mais la résistance à l’insuline augmente avec l’âge, d’où un risque accru de diabète de type 2. Les changements concernant l’axe reproducteur sont probablement les plus marqués, en particulier chez la femme. Vers l’âge de 50 ans, la sécrétion ovarienne d’œstrogènes et de progestérone chute brutalement; à l’inverse les taux circulants d’hormone folliculo-stimulante (FSH) et d’hormone lutéinisante (LH), sécrétées par l’hypophyse, augmentent (car il n’y a plus d’hormones ovariennes pour réguler leur production). Chez l’homme, c’est la production de testostérone qui baisse progressivement à partir de 40 ans. S’ensuivent différents effets physiques, mentaux et émotionnels qui peuvent perturber le quotidien: sautes d’humeur, dépression, difficultés de concentration, bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, troubles du sommeil, incontinence, etc.
Changer de rythme pour vieillir en douceur
L’ensemble des changements hormonaux contribuent grandement aux principales maladies chroniques liées à l’âge, notamment l’athérosclérose, l’hypertension, le diabète, l’hyperlipidémie, l’obésité, la sarcopénie, l’ostéoporose, etc. On ne peut modifier le fonctionnement du système endocrinien, la ménopause et le déficit androgénique lié à l’âge sont donc inévitables. Néanmoins, il est possible d’agir en amont pour limiter l’impact des ces variations hormonales sur la santé. Pour commencer, il est crucial d’adopter une alimentation plus saine (lever le pied sur l’alcool, manger moins salé, moins sucré et moins gras) dès la quarantaine. Conserver un poids normal est par ailleurs essentiel pour limiter le surplus de graisse abdominale inhérent à la ménopause et au déficit de testostérone. Enfin, il est vivement conseillé de pratiquer de l’exercice physique chaque jour: à la fois du renforcement musculaire pour pallier la perte à venir et rester robuste le plus long- temps possible, et du cardio-training (via la course à pied, le rameur, le vélo elliptique, la natation, etc.). Non seulement le cardio-training soutient la santé cardiovasculaire, mais il améliore le sommeil et la libido, réduit le stress et aide à lutter contre la dépression. Ces «routines» promettront de soulager efficacement les symptômes de la ménopause et de l’andropause dès qu’ils se manifesteront.

