En Suisse, environ 20% des enfants et 5% des adultes sont concernés par l’eczéma et 2 à 3% de la population sont atteints de psoriasis. Ces maladies de peau, dont les symptômes sont très désagréables et souvent peu esthétiques, peuvent entraîner de sévères complications physiques et psychiques. C’est pourquoi, il est important de les diagnostiquer et de les traiter au plus tôt.
La peau rougit, brûle, démange, suinte, desquame… Voilà les symptômes typiques des maladies inflammatoires et chroniques de la peau. Celles-ci reposent sur des facteurs génétiques et environnementaux. Elles impactent non seulement l’état cutané, mais aussi l’état psychique, la vie sociale et les activités quotidiennes des malades. Sans compter qu’elles peuvent aboutir à de sévères complications. Heureusement, des traitements existent!
Des démangeaisons dures à supporter
La dermatite atopique, aussi appelée «eczéma atopique», apparaît généralement dès la petite enfance, puis évolue ensuite par poussées. Le plus souvent, la maladie disparaît à l’adolescence, mais peut persister à l’âge adulte. Elle se manifeste par une sécheresse de la peau, des plaques rouges et d’intenses démangeaisons. Ce prurit est particulièrement pénible, notamment pour les enfants qui peinent à résister à la tentation de se gratter. Or, ceci ne fait qu’accentuer les démangeaisons! À la longue, s’ensuivent des suintements et la formation de croûtes. Outre leur aspect peu esthétique, ces lésions représentent un vrai risque d’infection. Chez le nourrisson, elles se situent essentiellement sur le cuir chevelu et les joues. Chez l’enfant plus âgé, elles touchent plutôt les bras et les jambes, puis les plis du corps. Des manifestations allergiques associées à la dermatite atopique peuvent survenir au cours de la vie. On estime que les enfants qui ont présenté un eczéma dans leur petite enfance ont un risque plus élevé de développer un asthme (dans 50% des cas) ou une rhinite allergique (dans 30% des cas).
Des complications douloureuses
Le psoriasis se caractérise, quant à lui, par des plaques rouges, couvertes de squames. Ces plaques sont généralement localisées au ni- veau des zones de frottement, du cuir chevelu, des mains et des pieds. Elles peuvent être très étendues, couvrant plus de 10% de la surface corporelle dans les cas les plus sévères. Tout comme l’eczéma atopique, il progresse par poussées d’intensité variable. Dans 15 à 20% des cas, il s’accompagne d’inflammations douloureuses des articulations: on parle d’arthrite psoriasique.
Une réponse immunitaire inappropriée
L’eczéma atopique repose sur une anomalie génétique, provoquant un déficit en filaggrine – un composant majeur de la barrière cutanée. Ce déficit entraîne une sécheresse de la peau, ainsi qu’une perméabilité accrue, qui permet aux substances étrangères de pénétrer dans la peau. Celles-ci induisent alors une réponse immunitaire disproportionnée: les cellules immunitaires affluent dans l’épiderme et provoquent une inflammation (d’où les rougeurs). Le psoriasis est lui aussi dû à un dérèglement immunitaire. Au moins 30% des cas correspondent à des formes familiales. Plusieurs variants génétiques associés à la maladie ont déjà été identifiés; il s’agit majoritairement de gènes impliqués dans l’immunité. Suite à l’exposition à un facteur déclenchant (stress, choc émotionnel, infection, certains médicaments, fatigue, etc.), les cellules immunitaires convergent vers la peau. S’ensuivent une inflammation et une surproduction de kératinocytes – les cellules constituant 90% de l’épiderme. Parce qu’ils se renouvellent bien trop rapidement, des kératinocytes immatures s’accumulent à la surface de la peau: c’est l’hyperkératose, responsable des lamelles de peau blanche qui recouvrent les plaques rouges.
Des maladies chroniques, et non des allergies!
L’eczéma dit «de contact» est, quant à lui, une réaction allergique de la peau à une substance extérieure à l’organisme (un allergène). Il peut s’agir d’un produit cosmétique, d’un médicament à application cutanée, d’un pro- duit chimique présent sur un textile (restes de lessive, solvant industriel, etc.), ou encore d’un matériau utilisé dans les bijoux ou autres accessoires de mode. Dès que l’allergène est identifié et évité, l’eczéma de contact guérit en quelques jours. À l’inverse, l’eczéma atopique, tout comme le psoriasis, sont incurables.
Des mécanismes toujours à l’étude
Heureusement, les traitements progressent et permettent de diminuer considérablement les symptômes, afin que les patients retrouvent une bonne qualité de vie. Ils comprennent des traitements locaux (corticoïdes ou immunosuppresseurs), qui apaisent la réaction inflammatoire. Parallèlement, des émollients permettent de lutter contre la sécheresse de la peau. Des immunosuppresseurs peuvent également être prescrits par voie orale dans les cas les plus sévères. Les photothérapies, à base d’UVA ou d’UVB, sont efficaces, mais leur utilisation est limitée du fait du risque de cancers cutanés induit par l’exposition aux rayons. Les traitements les plus récents reposent sur des biothérapies, qui consistent en l’injection d’anticorps monoclonaux ciblant directement les molécules médiatrices de l’inflammation. Néanmoins, les recherches continuent pour mieux comprendre les mécanismes qui sous- tendent ces maladies, afin de développer des médicaments encore plus efficaces et mieux tolérés par les patients.