L’efficacité des plantes pour se soigner n’est plus à démontrer. Mais les effets indésirables potentiels des remèdes naturels restent encore trop souvent négligés, alors qu’ils ne sont pas négligeables, loin s’en faut ! Conseils du pharmacien et vigilance permettront d’user des bienfaits de la nature sans mettre sa santé en danger.
La chimie des plantes
Des myriades de molécules hautement actives circulent dans les organes des différentes plantes. Ces substances ont pour fonction première non pas de soigner l’être humain, mais de favoriser la survie et le développement du règne végétal : repousser les parasites, ne pas être mangé par les animaux, pousser plus rapidement, attirer les insectes pollinisateurs, etc. Il se trouve qu’un grand nombre d’entre elles a aussi des effets bénéfiques pour l’humain, qui les utilise depuis toujours à son avantage. Les progrès de la pharmacologie ont permis d’identifier, d’isoler et de connaître précisément le profil des ces principes actifs, leur mode d’action … et leurs effets indésirables.
Les effets secondaires des plantes
Les phytomédicaments vendus en pharmacie respectent les dosages recommandés pour un effet optimal. Ce qui n’exclut pas, comme pour tout médicament, la survenue d’effets secondaires chez certains sujets plus sensibles ou réceptifs. Prenons l’exemple des feuilles de sauge, aux vertus thérapeutiques reconnues, notamment pour les inflammations de la bouche ou pour réguler une transpiration excessive. Son usage prolongé peut dans de rares cas être à l’origine de fatigue, de palpitations ou de nausées. Des petits désagréments qui ne remettent d’aucune façon en cause l’intérêt de la sauge, mais qu’il est bon de connaître pour adapter le traitement le cas échéant.
Les remèdes naturels ne sont pas exempts d’effets indésirables potentiels, bien que beaucoup soient considérés comme sûrs lorsqu’ils sont utilisés correctement.
Les interactions médicamenteuses : un problème de cohabitation
Les médecins et les pharmaciens constatent dans leur pratique quotidienne qu’une partie de leurs patients ne considèrent pas suivre un «vrai» traitement lorsqu’ils se soignent avec des produits naturels, et n’en font pas mention lors des entretiens. Pourtant, les préparations phytothérapeutiques sont tout autant responsables d’interactions médicamenteuses, parfois sévères, que leurs alter egos classiques. Le millepertuis illustre bien cette problématique. Ses extraits sont largement utilisés pour traiter des formes légères de dépression. Souvent avec succès, grâce à la présence dans le millepertuis d’un composant nommé hyperforine. Or cette hyperforine a en parallèle la fâcheuse propriété d’accélérer l’élimination d’un grand nombre de médicaments, et donc d’en réduire l’efficacité. Les conséquences peuvent être dramatiques quand les médicaments concernés sont des anticancéreux, des immunosuppresseurs, des anticoagulants, ou encore des contraceptifs oraux.
Certains composés naturels augmentent ou diminuent l’efficacité d’autres médicaments, ce qui peut entraîner des effets indésirables ou contrarier l’efficacité du traitement.
Les contre-indications des plantes
Les groupes à risque définis pour les médicaments dits conventionnels le sont tout autant par rapport aux produits naturels. La prudence s’impose avant d’administrer tout traitement, naturel ou pas, à un enfant, une femme enceinte, une personne âgée, un malade chronique. Pour reprendre l’exemple de la sauge, celle-ci contient de la thuyone, une molécule dont les propriétés convulsivantes et abortives contre-indiquent l’usage chez les femmes enceintes et les épileptiques. Dans un autre domaine, la réglisse, que l’on retrouve dans des préparations contre la toux ou pour soulager les maux d’estomac, ne devrait pas être consommée par les sujets hypertendus en raison de la présence de glycyrrhizine, un principe actif qui fait monter la pression artérielle.
Il est essentiel de souligner que, bien que de nombreux remèdes naturels puissent offrir des avantages pour la santé, il est toujours recommandé de consulter un professionnel de la santé avant de les utiliser.
Allergies
Les allergies à des produits naturels sont parmi les plus répandues. On pense tout de suite aux allergies saisonnières par inhalation de pollens de graminées et autres herbacées. Ou au latex. Mais aussi aux nombreuses allergies alimentaires, œufs, lait, arachides, crustacés, sésame, kiwi, etc. dont il faut tenir compte avant de commencer un traitement avec un médicament naturel. Même s’il ne s’agit pas d’allergie au sens propre, certaines plantes ont aussi la faculté de rendre la peau hypersensible aux rayons du soleil. Parmi les espèces photosensibilisantes, on trouve entre autres le millepertuis, encore lui, mais aussi l’angélique ou le khella.
Tout traitement, qu’il soit naturel ou pharmaceutique, peut entraîner des réactions allergiques chez certaines personnes.
Toxicité naturelle
La mère nature n’est pas toujours charitable ni bienveillante, les plantes vénéneuses en sont la démonstration. Certaines sont utilisées depuis l’antiquité à des fins peu avouables, comme la ciguë, très en vogue chez les Romains, ou la ricine, appréciée plus récemment des services secrets. Reste que toute substance, qu’elle soit naturelle ou chimique, présente un seuil de toxicité, «c’est la dose qui fait le poison» disait déjà l’alchimiste suisse Paracelse. Certaines plantes et herbes peuvent être toxiques à des doses élevées ou en cas de surconsommation. Le respect des dosages et des posologies s’applique sans exception à la phytothérapie