Le retour du printemps et des rayons chaleureux du soleil, qui suscitent en chacun de nous des envies de nature et de promenades au grand air, s’accompagne malheureusement du «réveil» d’un petit insecte particulièrement indésirable: la tique. C’est en effet entre mars et octobre que ces acariens se font les plus actifs et se nourrissent du sang de tout être vivant passant à proximité.
L’espèce Ixodes ricinus est la tique la plus commune en Europe et ses zones de prédilection ne cessent de s’étendre. Elle vit généralement à proximité du sol, dans les hautes herbes et broussailles des forêts, les haies et autres zones boisées. Comme d’autres espèces, elle peut transmettre de nombreuses maladies, telle la célèbre maladie de Lyme, via des bactéries dont elle est elle-même infectée: les borrélies. Les tiques sont des vecteurs de choix pour le genre Borrelia, dont une douzaine d’espèces sont pathogènes pour l’humain.
Un minuscule mais terrible vecteur de maladies
Lorsqu’une tique infectée pique la peau d’un individu, les borrélies en profitent pour se répandre autour de la plaie et contaminer ce nouvel hôte. C’est ainsi qu’est inoculée la maladie de Lyme (communément appelée borréliose), provoquée par la bactérie Borrelia burgdorferi. En Suisse, on estime qu’environ 5 à 30% (et jusqu’à 50% dans certaines régions) des tiques sont infectées par cette bactérie. L’infection se manifeste par un érythème migrant tout autour de la piqûre; à noter que ce symptôme n’est toutefois pas systématique. Un état grippal passager (qui comprend de la fièvre et des douleurs articulaires et musculaires) peut également survenir entre 2 et 28 jours après l’infection. La vigilance est de mise, car diagnostiquée trop tardivement, cette maladie peut entraîner des séquelles durables. Environ 10’000 personnes contractent chaque année une borréliose. La tularémie, ou fièvre du lapin, est quant à elle provoquée par la bactérie Francisella tularensis; celle-ci infecte divers petits mammifères sauvages et se transmet à l’humain par contact direct avec les animaux malades (un lièvre dans la plupart des cas) ou via une piqûre de tique. La maladie se déclare en moyenne entre 3 et 5 jours après la piqûre; elle se manifeste par de la fièvre, une inflammation au niveau du point d’infection et le gonflement des ganglions lymphatiques. L’Office fédéral de la santé publique souligne que le nombre de cas était en augmentation depuis 2015, mais a affiché une baisse en 2022, avec 39 cas signalés (contre plus de 60 en 2021). Ces deux maladies étant dues à une bactérie, leur traitement repose sur la prise d’antibiotiques, qui sont généralement très efficaces au stade précoce de la maladie.
Un virus qui peut entraîner des séquelles permanentes
Une autre maladie redoutée des promeneurs est la méningo-encéphalite à tiques, désignée par l’acronyme MEVE (pour méningo- encéphalite verno-estivale) ou encore FSME (de l’allemand Frühsommer-Meningoenzephalitis). Elle est causée par un arbovirus de la famille des Flaviviridae. Les tiques infectées par ce virus sont essentiellement présentes au nord-est de la Suisse, mais peuvent également se trouver dans d’autres régions. On estime qu’1% des tiques sont infectées par le virus de la MEVE. Cette maladie peut provoquer des symptômes pseudo-grippaux (fièvre, fatigue, céphalées, douleurs articulaires), mais peut également demeurer asymptomatique. Un examen sanguin peut dans ce cas aider à poser le diagnostic. Chez 5 à 15% des personnes contaminées, l’infection peut s’étendre au cerveau et provoquer une méningite. Celle-ci se manifeste par une raideur de la nuque, un «brouillard» cérébral et des paralysies. Par ailleurs, certains symptômes, tels que la fatigue, des problèmes de concentration ou de mémoire, peuvent persister plusieurs semaines ou mois. Dans les formes les plus graves, les séquelles peuvent être permanentes. L’OFSP enregistre chaque année entre 100 et 250 cas de MEVE.
Comment se protéger efficacement
contre les tiques? La première protection contre les tiques consiste à s’équiper en conséquence lorsque l’on se promène en forêt: les vêtements doivent couvrir tout le corps et être bien fermés (au niveau des chevilles, des poignets et du cou). L’usage de produits répulsifs est également conseillé. Tant que possible, il est préférable d’emprunter les sentiers larges et d’éviter les sous-bois. Au retour d’une promenade, un examen minutieux du corps doit être réalisé, en insistant particulièrement au niveau des plis de la peau et des endroits «cachés» (cuir chevelu). Il est également recommandé d’examiner votre chien si celui-ci vous a accompagné. À savoir que l’application «Tique», développée par Garzotto GmbH pour iOS et Android – avec le soutien de l’OFSP et de la Ligue suisse des personnes atteintes de maladies à tiques – donne accès à des cartes de zones à risque, des conseils pour retirer la tique en cas de piqûre ou encore une aide pour repérer d’éventuels signes d’infection. La borréliose et la tularémie peuvent être évitées via les quelques recommandations ci-dessus; il n’existe pas d’autres moyens. En revanche, il est possible de se protéger efficacement de la MEVE via la vaccination. Cette dernière est recommandée à l’ensemble des Suisses (à l’exception des habitants de Genève et du Tessin pour qui le risque est minime), tous susceptibles d’être exposés aux tiques de par leurs activités (privées ou professionnelles); elle est prise en charge par l’assurance de base et nécessite trois doses: les deux premières doivent être administrées à un mois d’intervalle; la troisième peut être administrée à partir de cinq mois après la deuxième dose. Ce schéma vaccinal assure une protection supérieure à 95% pendant au moins dix ans. Les enfants peuvent être vaccinés dès l’âge de six ans (sachant que les formes sévères sont extrêmement rares avant cet âge).