Lors de vacances à l’étranger, un problème de santé peut occasionner des frais importants. Quand faut-il souscrire une assurance ? Le point avec le Docteur Christophe Bron, directeur médical au Touring Club Suisse.
Titulaire d’un doctorat en médecine et diplômé en plusieurs spécialités, le Docteur Christophe Bron a une longue expérience académique et clinique en Suisse et à l’étranger, principalement en Afrique et à Haïti. Il est aujourd’hui directeur médical de la cellule ETImed du Touring Club Suisse.
À quoi sert une assurance de voyage, et que couvre-t-elle ?
Elle protège l’investissement financier que représente un voyage, et peut couvrir plusieurs sinistres. Elle permet l’indemnisation en cas d’annulation, et prend en charge les frais d’hospitalisation pour raison de maladie ou d’accident survenus à l’étranger. Des garanties “protection juridique” sont parfois proposées, pour couvrir les démarches à l’étranger en cas d’accident. Ce n’est pas négligeable car dans certains pays, le fait d’être impliqué dans un accident entraîne de facto la responsabilité de l’accidenté, même s’il est juridiquement victime au sens européen de la loi.
Pour quelles destinations est-il recommandé de contracter une assurance santé avant de partir ?
Lors d’une hospitalisation à l’étranger, l’assurance maladie de base ne couvre au maximum que deux fois le montant qui aurait été facturé en Suisse pour une pathologie similaire. Or les frais d’hospitalisation dans de nombreux pays hors d’Europe ne sont pas encadrés par la loi et sont donc totalement, et bien souvent outrageusement, libres. C’est le cas aux Etats-Unis, mais aussi au Costa Rica, dans certains pays d’Amérique centrale, au Brésil mais aussi au Canada dans une moindre mesure. Il en va de même en Turquie et dans les pays du Golfe, sur l’Ile Maurice, et dans certains centres privés en Thaïlande et en Chine.
Cela veut dire que les frais de santé peuvent être démesurés dans certains pays ?
Les touristes européens représentent une manne inespérée ! Ils ne sont pas seulement bienvenus pour leur consommation touristique, mais aussi pour l’aide au développement des structures hospitalières privées qu’ils peuvent représenter. J’ai coutume de dire que les pratiques du Far West n’en sont pas éloignées, et que les attaques de diligence ont pris une nouvelle forme plus raffinée et plus perverse… Or, les touristes restent trop souvent inconscients du danger.
L’assurance de voyage a aussi l’avantage de couvrir ce que l’on appelle la “garantie de frais”. De quoi s’agit-il ?
Du montant que demandent les établissements de santé de tous les pays avant de débuter le moindre soin. Si vous n’êtes pas assuré, il vous sera nécessaire de faire des avances conséquentes, soit par carte de crédit lorsqu’elles sont acceptées, soit par tout autre moyen personnel. L’assurance de base suisse n’est pas en mesure de couvrir ces montants sans facture préalable, à la différence d’une assurance de voyage.
Certaines cartes de crédit permettent de bénéficier d’assurances de voyage. Ces services sont-ils fiables ?
Je ne peux pas me prononcer sur des services bancaires qui sont généralement sous-traités à des organisations d’assistance. Lorsque les bénéficiaires s’informent sur le sujet ou se retrouvent dans le besoin, ils se rendent compte qu’ils sont en fait en contact avec des prestataires tiers, dont le service correspond à des directives précises, établies et limitées par contrat. Comme toujours, il faut savoir lire les clauses des contrats d’assurance et savoir se projeter dans des situations inattendues en amont pour comprendre le degré réel de couverture.
A savoir
Un cas concret
Si un touriste Suisse se fracture le pied en chutant lors d’une randonnée dans les Alpes françaises, il faut compter CHF 500.- pour le transport d’urgence à l’hôpital et CHF 5000.- pour le rapatriement à l’hôpital suisse, soit un total de CHF 5500.-. Ces sommes sont intégralement remboursées avec une assurance de voyage auprès du Touring Club Suisse.
Propos recueillis par Tatiana Tissot | Contenu & Cie