Marie Derond est infirmière depuis 2011 et a travaillé deux ans à l’Hôpital cantonal de Berne, puis a souhaité continuer à se former. Diplômée en soins d’urgence et en simulation, elle occupe à présent un poste d’assistante à la Haute école de santé de Genève (Heds). La jeune femme remet les pendules à l’heure à propos de certaines idées reçues sur les premiers soins suite aux incidents de la vie courante.
Selon les remèdes de grand-mère, il faudrait mettre du dentifrice, du miel ou de la glace sur une petite brûlure. Bonnes ou mauvaises idées ?
Marie Derond : Déjà, il faut éviter la glace, qui est trop froide. Comme la peau, qui assure une protection thermorégulatrice, est abîmée par la brûlure, il y a un risque de gelure et, si de grandes surfaces sont concernées, d’hypothermie. Dans les cas où la brûlure est très étendue, refroidir à l’eau tiède et alerter au plus vite les secours. S’il s’agit d’une petite brûlure, la règle est de la placer pendant 15 minutes sous de l’eau à 15 degrés, à une distance de 15 centimètres. Puis, il est conseillé d’utiliser une crème grasse, pour réhydrater. Par contre, le miel de cuisine est à éviter, car il n’est pas stérile. L’usage de dentifrice, qui ne sert à rien en matière d’hydratation, est à prohiber.
On croit à tort que la plupart des chutes des seniors ont lieu dans les escaliers. Or, ils peuvent s’encoubler et se blesser sans changer d’étage. Quelles mesures peuvent être prises pour améliorer leur sécurité ?
Il existe des évaluations de l’équilibre, qui permettent de déterminer si la personne est particulièrement à risque. Des mesures de prévention, comme l’installation de barres et d’éléments d’appui dans la salle de bain ou l’utilisation d’aides techniques pour marcher, permettent de diminuer le danger. Enlever les tapis dans les appartements ou du moins les sécuriser et porter de chaussures adaptées sont encore d’autres mesures. Ensuite, des dispositifs de téléalarme permettent d’appeler à l’aide en toutes circonstances. Dans les établissements médico-sociaux, il arrive qu’on équipe les patients à risque de protège-hanches, qui font office d’amortisseur et diminuent le risque de fracture du col du fémur lors d’une chute. Et pour des os solides, il est également utile d’assurer un bon apport en calcium aux plus âgés.
Lors d’une attaque de guêpe, certains prétendent qu’il faut mettre du chaud sur la piqûre… Vrai ou faux ?
Faux, car la chaleur dilate les vaisseaux sanguins, et contribue à propager le venin plus rapidement, ce que l’on souhaite éviter. Il faut placer des glaçons ou des compresses de glace entourés d’un linge sur la blessure (une application directe engendrerait une gelure, ndlr), pour que les vaisseaux se contractent et que le poison reste localisé. En plus, le froid a des vertus antalgiques. C’est aussi valable pour les morsures de serpents.
En cas d’ingestion d’un produit toxique, on croit à tort qu’il faut faire vomir la personne. Pourquoi est-ce encore plus dangereux ?
Si la personne boit de l’acide ou de l’eau de Javel, le produit va tout brûler sur son passage. Le fait de vomir ferait repasser le liquide en sens inverse, causant ainsi deux fois la blessure ! On entend aussi dire que le lait neutraliserait les poisons : c’est faux ! La règle est simple : avant d’appeler le 144, il faut éviter de donner à manger ou à boire à quelqu’un après l’ingestion d’un produit toxique, car sinon, cela risquerait d’accélérer le passage du poison dans le sang.
En cas de petite coupure, certaines astuces de grand-mère conseillent de placer des feuilles de géranium ou de l’aloé vera sur la blessure. Est-ce utile ?
Ces plantes n’agissent pas sur la cicatrisation de la coupure. Le meilleur conseil lors de ce type d’accident est de laver la plaie avec de l’eau et du savon, sans alcool ni parfum, puis de la surveiller. En cas de rougeur, sensation de chaleur ou écoulement, il faut consulter. Si vous soignez une personne que vous connaissez mal, mettez des gants et évitez d’utiliser des antiseptiques, qui sont des médicaments, et peuvent causer des réactions allergiques ! Désinfecter à l’alcool la peau ouverte, en plus d’être douloureux, est déconseillé.
A connaître
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145
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Propos recueillis par Tatiana Tissot | Contenu & Cie