Une humidifi cation insuffi sante de l’oeil peut entraîner toutes sortes de désagréments. Quasi inéluctable à partir d’un certain âge, l’apparition de ce phénomène peut être retardée par quelques précautions simples.
L’importance d’une bonne lubrifi cation de l’oeil est fréquemment sous-estimée. Exprimer des sentiments n’est de loin pas la seule mission des larmes !
Des larmes saines dans un oeil sain
Les performances de l’oeil sont comparables aux plus perfectionnées des caméras actuelles. Capable de s’adapter à toutes les conditions de luminosité et de « zoomer » instantanément, notre organe de la vision, aussi sophistiqué soit-il, dépend étroitement de la bonne qualité de ses larmes.
En effet, le fi lm lacrymal est une pièce maîtresse du bon fonctionnement de l’oeil : tout d’abord, il nourrit, hydrate et oxygène l’oeil. Cette activité est particulièrement vitale pour la cornée, qui n’a pas d’autres sources d’approvisionnement. D’autre part, le liquide lacrymal contient des enzymes antimicrobiennes qui protègent l’oeil contre les agressions extérieures, comme les bactéries ou la poussière. Ainsi, en présence d’un « agresseur », le système nerveux ordonne aux glandes lacrymales de produire davantage de larmes pour diluer et éliminer l’intrus. Enfi n, les larmes jouent un rôle remarquable dans le processus de la vision, en maintenant à chaque clignement de l’oeil, tel un essuie-glace, une surface lisse et régulière garante de la formation d’images nettes sur la rétine.
Altérations du fi lm lacrymal
On recense d’innombrables facteurs susceptibles de déclencher une sécheresse oculaire. En voici quelques exemples :
- L’environnement : tout ce qui réduit l’humidité de l’air entraîne un dessèchement de l’oeil : le chauffage et l’air sec en hiver, la climatisation en été, et le sèche-cheveux toute l’année ! La fumée et la pollution ont également une action négative avérée sur la production de larmes.
- Le travail sur ordinateur : hypnotisés par l’écran, nous en oublions de cligner des yeux, ce qui accroît l’évaporation des larmes et en réduit la production par les glandes lacrymales.
- Les médicaments : l’oeil sec est un effet secondaire de plusieurs classes de médicaments, comme les anti-acnéiques, bétabloquants, antidépresseurs, neuroleptiques, et autres antiallergiques.
- Le port de lentilles de contact.
- Les changements liés à l’âge : une glande lacrymale cinquantenaire sécrète 2 fois moins de larmes que sa cadette de 25 ans !
- Les modifications hormonales (grossesse, ménopause, contraceptifs) : comme l’oeil contient des récepteurs à androgènes et à oestrogènes, tout changement hormonal entraîne un déséquilibre du fonctionnement lacrymal. Quant à la prolactine, hormone responsable de la lactation après l’accouchement, elle stimule non seulement la production de lait, mais aussi celle des larmes.
Conséquences d’un oeil sec :
Quand les larmes ne remplissent plus leurs fonctions, des symptômes caractéristiques surviennent. Les plus typiques sont des sensations de « grains de sable » dans l’oeil, accompagnées de rougeurs et démangeaisons. Les paupières sont gonfl ées au réveil, une sensibilité à la lumière apparaît. L’oeil fi nit par être chroniquement enfl ammé, ce qui génère des dégâts à la surface de l’oeil.
Et puis les yeux se fatiguent rapidement car la vue est altérée. En effet, la qualité de l’image projetée sur la rétine sera forcément dégradée en cas de défi cience du fi lm lacrymal, ce dernier faisant offi ce de lentille optique entre l’air et l’oeil. Sans traitement, la situation peut s’aggraver, jusqu’à entamer l’intégrité de la cornée (kératites), voir engager le pronostic visuel.
Le paradoxe de l’oeil sec… qui coule.
Etrangement, la sécheresse oculaire est un des principaux motifs de larmoiement intempestif. Il s’agit en fait tout simplement d’une réaction de l’oeil mal lubrifi é qui, pour tenter de soulager l’irritation, fait fonctionner ses glandes lacrymales à plein régime. En plus d’un problème de quantité de larmes, il y a souvent une dégradation de la qualité : la composition chimique des larmes se modifi e, elles ne sont plus suffi samment visqueuses et « tiennent » donc moins bien à la surface de l’oeil.
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Les larmes artificielles
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Il n’y a bien souvent pas d’autre solution que de substituer le film lacrymal déficient par des gouttes ophtalmiques. Pour être efficaces, ces préparations doivent approcher autant que possible les propriétés naturelles des larmes. Ce qui n’est pas une mince affaire, au point qu’il faut généralement tester plusieurs formules avant de trouver celle qui convient.
Les critères suivants jouent notamment un rôle important :
- La viscosité, et donc l’adhérence et le temps de séjour au contact de l’oeil. Si les symptômes sont légers, un collyre à base de dérivés cellulosiques faiblement visqueux fera l’affaire. En cas d’effet insuffisant, l’adjonction d’acide hyaluronique augmentera l’efficacité et aura de plus une influence favorable sur la régénération de la surface oculaire. Certaines préparations contiennent également du dexpanthénol ou de la vitamine A, accroissant encore le spectre bénéfique.
- L’absence de conservateurs: les larmes artificielles sont destinées à être utilisées à très long terme, à vie le plus souvent. Il faut donc absolument privilégier les produits sans agents conservateurs, afin d’éviter irritations, allergies et effets secondaires indésirables.
- Le remboursement par les assurances maladie rentre également en ligne de compte, le budget s’avérant conséquent à la longue.
- Les porteurs de verres de contact devront choisir un collyre compatible avec leurs lentilles.
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Le conseil de Pharmacie Populaire
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Prévention :
Les mesures pour protéger les yeux de la déshydratation visent avant tout à en neutraliser les causes : • s’obliger à cligner plus fréquemment des yeux, en particulier devant l’écran,
porter des lunettes de protection contre le soleil et le vent,
brancher l’humidificateur lorsque l’hygrométrie ambiante est trop faible,
arrêter de fumer,
demander à son pharmacien de repérer une éventuelle origine médicamenteuse.
Mais aussi :
consommer des acides gras oméga 3 et 6,
appliquer des larmes artificielles (voir encadré),
boire suffisamment d’eau.
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Denis KÖSTENBAUM / Pharmacie Populaire